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jeudi, 05 juin 2008

L'eurocrate, le souverainiste et le plombier polonais

L’eurocrate, le souverainiste et le plombier polonais Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par Ecrit par Olivier JAROSZ et Gilles Emmanuel JACQUET   
28-06-2007

Retour sur 50 ans de « Construction »

L’Europe a toujours puisé ses origines et sa force dans différents mythes qui se sont confondus avec un idéal de la civilisation européenne façonné par la Grèce antique (Eurôpé), développé par l’empire romain (Auguste), répandu par la chrétienté, (Papauté, Saint Empire…) réapproprié par la Renaissance (Pétrarque), l’Humanisme (Erasme), l’age classique (Abbé de Saint Pierre) les Lumières (Montesquieu, Rousseau), puis par les visionnaires (Victor Hugo, Coudenhove-Kalergi) sans jamais vraiment se concrétiser [Villain-Gandossi].  Il aura fallu attendre le XXéme siècle pour voir une coopération des différentes Nations. 

Après la tragédie de la seconde guerre mondiale qui a séparé des peuples aux racines communes, l’idée d’une construction européenne se devait de répondre à une nécessité concrète, une idée économique qui devait répondre à des impératifs de reconstruction marqué par la prospérité et une forte productivité. Les Etats-Unis connaissant également une croissance importante de la production (taylorisme et fordisme), l’URSS étant encore dans sa machine de guerre (stakhanovisme) et se transformant peu à peu dans une économie civile planifiée qui contraignit les européens à s’allier.

Les idées qui circulent parmi les citoyens européens sont propices à une création d’un espace commun qui puisse rivaliser avec ces deux blocs. Jean Monnet fortement influencé par les idées libérales et fédérales du modèle américain va jeter les bases concrètes d’une communauté. Au coté de Schumann les fondateurs de la CECA (18 avril 1951) seront motivés par un souci profondément économique à savoir la reconstruction de l’Europe par le libre échange, le marché économique, la standardisation… cherchant à dépasser les modèles obsolètes des Etats nations protectionnistes. Cette combinaison des méthodes fonctionnalistes et des idées fédérales aboutira à la création de cette Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier. Face à une situation internationale tendue avec le début de la guerre de Corée (25 juin 1950) le projet d’une communauté européenne de défense va apparaître. L’échec de celle-ci face au caractère récalcitrant de la France de se voir avec l'Allemagne sous un uniforme commun, sera la première fracture entre la société et la politique française sur un sujet européen. 

Le traité de Rome signé il y a 50 ans va relancer l’idée d’une communauté. Conscient des premières velléités des pays, la construction se fera à travers une libéralisation progressive du marché européen et d’un marché commun du nucléaire. (Euratom).

La CEE se construit de l’extérieur cumulant élargissements successifs (6 élargissements) et approfondissements institutionnelles (en 15 ans il y aura 4 traités). Le déficit démocratique apparaissant de plus en plus, les élections au parlement européen tendent à légitimer les institutions de la communauté. La volonté d’une création d’une identité commune européenne au sein du parlement qui ne reflétait plus les pays mais les partis approuve une idée fonctionnaliste se souciant de moins en moins des identités nationales. Malgré un taux moyen de participation (barre symbolique des 50%), l’Acte unique européen (17 et 28 février 1986) de la Commission Delors manifestait la détermination d’édifier un espace commun sans frontières avec l’instauration des quatre libertés fondamentales de circulation: marchandises, services, capitaux et personnes. Le traité de Maastricht du 7 février 1992 souhaitait relancer les idées fédéralistes en réorganisant la Communauté économique européenne en Communauté européenne sous forme des trois piliers. Cette nouvelle perspective marquée par la création de l'Union économique et monétaire, instituant une monnaie unique cherche avant tout à freiner le monopole du Deutsche Mark qui faisait sourciller les français mécontent de leur franc faible ainsi qu’une pseudo citoyenneté européenne n’étant finalement qu’une coquille vide. Ce traité prévoyant déjà sa propre révision au traité d’Amsterdam le 2 octobre 1997 augmentait l’interdépendance entre les pays membres. Les accords de Schengen intégrés, « communautarisaient » une des libertés fondamentales. L’entrée de l’Euro marque l’aboutissement dans la forme de l’UEM. Le polémique traité de Nice du 26 février 2001 est appelé à connaître une forme de longévité suite à l’échec du Traité Etablissant une Constitution pour l’Europe rejeté par deux pays fondateurs mais également mal accepté par d’autres gouvernements. Ce traité faisant suite à une volonté de refonte des institutions en accroissant sa légitimité démocratique a semble t-il raté son coche. Le choix d’une Europe espace sans frontière au détriment d’une Europe puissance, le doute quant à la représentativité du parlement (moyenne de 45% de taux de participations aux dernières élections européennes), l’absence de critères culturels et identitaires pourtant si fondamentaux, ont conduit à un échec de cette construction imposée par un fonctionnalisme sans racine. 

L’Europe inachevée 

Aujourd’hui les Nations se diluent dans l'Union européenne, précisément lorsque les Etats membres ont des visions parfois très contradictoires. Le problème de la Turquie étant à lui seul symptomatique. 

On peut considérer que la construction européenne apparaît moins comme la clé de la prospérité du vieux continent que comme une tentative, à ce jour infructueuse, d’enrayer le déclin bientôt séculaire de ce qui fut le foyer de la civilisation occidentale. Le rattrapage des USA s’est poursuivi dans les années 60 et 70 mais s’est brutalement interrompu depuis une quinzaine d’année et depuis l’Europe est dans une forme de déclin.

Si les Etats européens ont eu la faiblesse de concéder leur puissance à une superstructure, cela n’a pu être que dans l’espoir que celle-ci serait en mesure d’apporter de façon efficace tout ce qui est demandé à la structure de l’Etat. Or, dans tous les principaux domaines, qu’il s’agisse de l’emploi, de prospérité, de sécurité, de démographie, de culture, de langue, le bilan est somme toute modeste.  

L’Union européenne qui se revendique être un leader dans plusieurs domaines fait hélas grand défaut sur certains  grands enjeux. Sur la question de l’environnement, le budget colossal de la PAC finance à la hauteur de 1/3 les produits pesticides et chimiques nocifs pour la nature. Quant à la recherche, le projet Galileo a du plomb dans l’aile, sur la santé publique la grippe aviaire a démontré que elle n’était ni coordonnée ni  efficace… 

L'opinion est que l'Union européenne devrait se concentrer sur les seules politiques où elle est à l'évidence plus efficace que les Etats membres comme la concurrence, le commerce extérieur, l'immigration, la monnaie, la défense, la diplomatie, l’environnement, l’innovation, l’éducation universitaire, l'aide au développement. Il est évident que dans une négociation, une UE27 et plus importante au sein des institutions que chaque pays individuellement, mais il faut surtout éviter d’approfondir une Europe à plusieurs vitesses. En revanche, à l’instar de nombreux eurodéputés et face aux multiples inégalités en Europe, l'agriculture devrait être nationalisée, tout comme les politiques sociales qui  devraient être laissées à la responsabilité des Etats.

L’Europe se doit de respecter ses multiples valeurs et cet héritage ne peut être que bénéfique pour la construction de son identité et de son futur, un monde de l’innovation de la nouvelle technologie… L’Europe chose inachevée doit être un système de réflexes face aux menaces extérieures et aux défis de la globalisation et s’adapter sans chercher toujours à vouloir centraliser, homogénéiser et déformer. L’Europe ne peut qu’exister par une unité morale, culturelle, par une connivence entre nations. 

Pourquoi tant de réticences ? 

Si l’Union européenne rencontre toujours des résistances malgré sa longue évolution, il est intéressant de s’interroger sur ce que ces oppositions traduisent. Cette construction progressive bâtie par des élites et par moments légitimée par les peuples, reste toujours aussi lointaine et complexe dans l’opinion des citoyens européens. La logique économique qui a prévalu - et qui prévaut encore étant donné qu’elle semble être moins sensible que la logique politique et identitaire - n’a su créer de véritable communauté et en est resté à une expression minimale et matérialiste du sentiment européen. Les institutions qui ont été modelées suivant cette logique ont aussi abouti à une situation de déficit démocratique renforçant ainsi du même coup un sentiment d’éloignement vis-à-vis de ces institutions dont le caractère semble être de plus en plus technocratique et bureaucratique. Ce type de situation est tout autant un frein à l’affirmation d’une identité européenne qu’à la construction d’une véritable Europe politique dont l’essence se manifesterait plus dans un désir clair de partager un destin commun (en plus d’une Histoire commune) plutôt que dans des débats sans fins portant sur l’opportunité d’adopter telle ou telle structure.  

En ce sens, les mouvements politiques souverainistes et leur argumentaire peuvent être vus comme des symptômes traduisant l’existence de failles ou de dysfonctionnements propres à l’Union Européenne et à sa construction. En janvier 2007, la création du groupe parlementaire « Identité, Tradition, Souveraineté » regroupant des eurodéputés venant de Grande-Bretagne, France, Roumanie, Belgique, Italie, Autriche et Bulgarie a été vue avec stupéfaction par les autres groupes du Parlement Européen. Il est intéressant de noter que ce groupe de tendance nationaliste n’est pas le seul à s’être formé au sein de l’hémicycle, on compte aussi l’Union pour l’Europe des Nations (constitué du RPF français, d’Alleanza Nazionale italien, du Fianna Fáil irlandais, du Prawo i Sprawiedliwość et de la Ligue des Familles polonaise, du Dansk Folkeparti danois, du CDS-partido popular portugais, d’Eestimaa Rahvaliit estonien, du Tēvzemei un Brīvībai/LNNKletton, de Ludová Únia de Slovaquie ou d’Ordre et Justice de Lituanie) ou à un niveau plus informel le réseau Euronat. Perçus comme des mouvements insidieux dont le rôle consisterait à détruire l’édifice européen de l’intérieur, ces groupes parlementaires peuvent aussi être vus comme un révélateur des faiblesses de la construction européenne. Au-delà de l’étiquette « souverainiste » ou « eurosceptique », ces mouvements ne partagent pas une vision monolithique de ce que devrait être l’Europe et ont des spécificités. Vus comme radicalement antieuropéens, ces groupes politiques veulent en fait pour la plupart une « autre Europe » qu’on désigne souvent sous le concept d’Europe des Nations.  

L’opposition de ces mouvements se base bien plus sur des peurs et ressentiments populaires concrets (travailleurs dont les conditions de travail se durcissent et dont les entreprises connaissent de nombreuses délocalisations, paysans confrontés à la concurrence étrangère et forcés de devenir des managers) que sur un soi-disant fantasme ou de pseudo pulsions xénophobes. De nombreux européens ont le sentiment que l’Union de l’Europe se réduit de plus en plus aux institutions de Bruxelles et ne reflète plus ce continent aux cultures et langues diverses dont l’unité s’était faite au gré d’expériences communes (racines Indo-européennes, Hellade et Rome antiques, Chrétienté, Renaissance). La construction européenne peine à s’imposer auprès des gens en tant que grand récit politique et historique tout comme de nombreux mouvements politiques peinent à créer à notre époque de nouveaux mythes politiques mobilisateurs. Le terme Union européenne renvoie de plus en plus à des questions budgétaires, juridiques ou techniques et non plus à une vision de l’Histoire et du destin des peuples d’Europe. Certaines décisions communautaires sont vues comme des mesures d’uniformisation ne respectant pas la spécificité des nations, de leurs traditions et productions (des variétés de fromages sont vouées à disparaître). En Pologne, le projet de panneaux indiquant l’entrée dans une commune représentait la silhouette de l’agglomération ainsi que le clocher de l’église avec sa traditionnelle croix. Jugeant que ce dernier détail heurtait les principes de laïcité, la Commission décida l’interdiction de faire figurer la croix du clocher de l’église sur ces panneaux signalétiques. A vrai dire, il se peut que la représentation de la croix du clocher ait choqué les membres de la Commission mais il est peu probable que cette même représentation ait choqué le peuple polonais.  

Alors que l’idée d’une Europe à deux vitesses dans le domaine économique (ce qui est optimal du point de vue des élites financières notamment pour la dynamique du système capitaliste) est devenue une sombre réalité (le budget destiné au soutien des derniers Etats ayant adhéré est comparable à celui qui avait été destiné au Portugal ou à la Grèce) et montre ainsi que la convergence économique (qui était accompagnée à l’origine d’un développement socio-économique positif) n’est plus que l’ombre d’elle-même. D’un autre côté, les élites européennes semblent vouloir combler la lacune identitaire de leur projet par une uniformisation culturelle qui créera une identité européenne artificielle, détachée d’un long passé et dont la raison d’être était une diversité harmonieuse. On s’étonne du niveau d’ignorance des citoyens sur les institutions européennes mais l’ignorance la plus grave est celle touchant la connaissance des pays européens, de leurs cultures et de leur Histoire. De vieux schémas mentaux hérités de la guerre froide ne semblent pas avoir totalement disparu et au-delà de l’idée de convergence, Bruxelles semble vouloir ériger les vieux Etats membres en modèles à suivre. D’un côté les européens de l’Ouest doivent arrêter de raisonner avec des clichés culturels « occidentalocentrés » (comme celui du « plombier polonais ») et d’un autre côté, on doit comprendre qu’il est risqué (pour la construction européenne) de vouloir à tout prix faire danser le sirtaki sous la pluie bruxelloise.  

Références : 

DAVIES Norman, Europe a history, Pimlico, (1997).

SAKWA Richard, STEVENS Anne, Contemporary Europe, Palgrave MacMillan, (2006).

Villain-Gandossi, C, L’Europe à la recherche de son identité. Comité des travaux historiques et scientifiques 2002.

VERLUISE Pierre, Géopolitique de l’Europe, Ellipses (2005). 

AVRIL Pierre, L’Extrême droite s’organise au Parlement européen, Le Figaro, (10 janvier 2007).

QUATREMER Jean, L'Europe brune serre les rangs au Parlement, Le Monde, (11 janvier 2007).

mardi, 20 mai 2008

Mei '68: een liberale revolutie

Mei ‘68: een liberale revolutie

Image Hosted by ImageShack.usMeestal worden de schermutselingen die in mei 68 plaatsvonden omschreven als een revolutie. Het feit dat duizenden studenten op straat kwamen in de verschillende Europese grootsteden had inderdaad iets weg van een revolutionaire beweging, maar een echte revolutie - zoals de progressieve krachten die meestal omschrijven - was het niet. Achter de schermen was echter wel degelijk een revolutionaire transformatie aan de gang.

Het was de transformatie van nationaal kapitaal en nationale elite naar een supranationaal kapitaal en de daar bijhorende op internationalistische leest georiënteerde elite. De revolutionaire transformatie van nationale staten naar superstaten. In feite waren er twee verschillende machtsgroepen van de elite in de toenmalige maatschappij actief die niet meer compatibel waren met elkaar en dus onvermijdelijk met elkaar in conflict moesten komen.

Enerzijds was er door de USA terug op de been gebrachte nationale politieke en economische elite en anderzijds waren er bepaalde delen van die elite die inzagen dat het voor een verdere expansie en financiële macht noodzakelijk was om tot een volgende fase van het liberaalkapitalisme over te gaan. Paradoxaal werden deze in kapitalistische zin progressieve krachten gedreven door dezelfde USA die eerst de oude nationale elites weer op de been had geholpen, maar nu vaststelde dat die oude elite in de weg stond van een tweede – dit keer – meer globaal georiënteerde goederen- en kapitaalmarkt.

De tweede globalistische golf was in aantocht. De eerste was nog op ouderwets kolonialisme gestoeld. De tweede golf zou echter een moderne variant van het kolonialisme voortbrengen. De supranationale bedrijven en financiergroepen zouden grote stukken van de zogenaamde vrije wereld gaan overspannen en zo hun wil opleggen aan die wereld. Het andere deel van de wereld werd ingepalmd door het staatskapitalisme van de Sovjet-Unie, waar de concentratie van kapitaal en productiemiddelen al volledig geïntegreerd en gecontroleerd werd door de staatskapitalistische elite.

Om de nieuwe noden van de op de USA gerichte elite in te vullen moest eerst afgerekend worden met sommige hinderlijke barrières in de verschillende oude nationale staten. Tol- en paspoorthindernissen moesten weg, vrij verkeer van kapitaal was een andere noodzakelijke voorwaarde om tot wereldwijde investeringen te kunnen overgaan en om nationale industrieën te kunnen verkopen aan de grootste bedrijven in de wereld, die voornamelijk in handen zijn van US-kapitalisten. Eigenlijk stonden alle op nationale staten en identiteiten gestoelde instellingen in de weg van de globalistische nieuwe elite.

Tegen deze achtergrond waren er in 1968 in de meeste grote Europese steden studentenonlusten. De opkomende elitaire jeugd had nood aan een vrijere maatschappij. Zij wilde op haar beurt de oude elite met haar nationalisme en op familie en gezin gerichte maatschappij aan de kant zetten. De studenten wilden een liberale maatschappij die men als een vrije maatschappij zag en waar zij als nieuwe machtsgroep mee de agenda zouden kunnen bepalen. Dat het een linkse revolte zou zijn geweest werd zelfs betwist door de grote linkse organisaties in die tijd, zoals de communistische partijen en de linkse vakbonden. Die grote arbeidersorganisaties spraken dan ook over burgerlijke avonturiers en provocateurs, als zij het over de kabaal makende studenten hadden. De oude linkse organisaties zagen toen zeer duidelijk het gevaar in van het opheffen van nationale entiteiten en hebben zich verzet tegen de liberale eisen van de studenten.

De opkomende studerende elite had echter lessen getrokken uit de kortstondige liberale revolutie. Een zeer kleine groep sloot zich aan bij het kamp van de staatskapitalistisch georiënteerde maatschappijvorm. Dit waren vooral de toen opkomende maoïstische kernen. Maar het overgrote deel van de elitaire jeugd had ingezien dat zij beter de macht kon grijpen via de instellingen. Zij wisten zich toen al gesteund door dat deel van de machtskaste in de Europese landen dat die liberale transformatie nodig had. De elite besefte dat men alleen via een groot propagandaoffensief de mensen en de oude elite zover zou kunnen krijgen om de revolutionaire maatschappelijke veranderingen te aanvaarden

De kopstukken van de mei 68 beweging werden gretig opgenomen in de mediawereld en anderen nestelden zich massaal in het onderwijs en in allerlei bedrijven die op de een of andere manier aan publieksbeïnvloeding doen, zoals reclamebureaus en maatschappelijke onderzoeksinstituten. De media waren echter het infiltratiekanaal bij uitstek van de liberale studentenelite die de onlusten van mei ‘68 over heel Europa had georganiseerd. En of deze media zich nu progressief noemde of liberaal dat maakte niks uit, want deze media waren en zijn in feite grote bedrijven en die zijn op hun beurt nog eens verbonden met andere concerns.

De media brengen een product op de markt. De markt zijn de adverteerders (andere bedrijven). Het product is het publiek. De elitemedia zijn diegenen die de grote lijnen bepalen waaraan hun product, de mensen, zich moeten aanpassen of conformeren. De elitemedia zijn de spreekbuis van conglomeraten die hun klanten een bepaald wereldbeeld voorhouden. Dat wereldbeeld weerspiegelt de voorgenomen en bekrompen belangen en waarden van die elite en hun directe subelite. De culturele beleidsmarkers en managers van dat mediale propaganda-apparaat (redacteuren, columnisten, enz.) hebben dezelfde groepsbelangen en vertoeven in dezelfde kringen als staats- en bedrijfsleiders. Er bestaat in feite een regelmatig verkeer van hooggeplaatste personen die pendelen tussen de bedrijven, de regering en de media. Zo maken de media regelrecht deel uit van de machtsstructuren. In ruil voor die machtsdeling moeten de media-eigenaars met de autoriteiten samenwerken en gehoorzamen tot zelfs onderdanig zijn aan die autoriteiten.

De media vormen op zich slechts een onderdeel van een groter doctrinair systeem. Andere delen zijn de opiniebladen, scholen en universiteiten, de academische wereld en de culturele sector. Dat doctrinaire systeem – de producenten van wat we gerust een propagandaproduct kunnen noemen – heeft echter twee verschillende doelgroepen. De eerste kunnen we de politieke bewuste klasse noemen: de pakweg 15% van de bevolking die behoorlijk geschoold en mondig kan worden genoemd en dus een rol speelt bij de besluitvorming. De resterende 85% van de bevolking kunnen we de te misleiden kudde noemen. Deze grote groep wordt verondersteld de bevelen op te volgen van de machtselite en niet in de weg te lopen van die elite. Zij zijn de doelgroep van de echte massamedia, de roddelpers, de infantiele tv-feuilletons, de sportpagina’s en sportprogramma’s.

Deze sectoren van het doctrinaire liberale systeem moeten het plebs vermaken en de nieuwe elementaire liberale waarden versterken: de passiviteit, de onderdanigheid aan het gezag, de deugd van de hebzucht, de cultus van het ego en het individuele belang, de desinteresse voor politiek en maatschappelijke waarden en de diabolisering van ingebeelde vijanden (zoals het AFF en Blokbuster zo ijverig doen). Het doel is om de massa blijvend te kunnen misleiden en te conditioneren. Er wordt een schijnwaarheid en een schijnwereld gecreëerd. Want als de massa teveel de realiteit zou zien, dan zouden ze die realiteit wel eens kunnen willen veranderen en dat mag niet. Zo is het mogelijk gebleken dat een studentengeneratie die van zichzelf beweerde dat ze progressief was uiteindelijk hand- en spandiensten levert aan een van de meest nivellerende ideologische concepten van onze tijd: het marktliberalisme en het consumptienihilisme.

De massa is niet bevrijd. Ze is nu meer dan ooit verknecht door de ketens van materieel verlangen en consumptiedrift. Het politieke en maatschappelijke engagement dat voor mei ‘68 bestond, is door de jaren heen vernietigd en in alle geïndustrialiseerde staten tot nul herleid. De staten zijn opgeslorpt of ondermijnd door big business. De volkeren zijn geïnfiltreerd door massa’s vreemde mensen en culturen. De mei-’68-activisten hebben geen linkse progressieve revolte in gang gezet. Links is niet versterkt uit de strijd gekomen, maar heeft integendeel meegeholpen om het sociale thema en de sociale cohesie af te breken. Mei ‘68 is het begin van het einde van links. Mei ‘68 is het scharniermoment waarop een gevaarlijke, dominante en onverdraagzame doctrine aan zijn opmars is begonnen: de culturele dictatuur van het globale en eendimensionale kapitalisme.

Eddy Hermy

dimanche, 18 mai 2008

Respect de la force

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Louis VINTEUIL:
Respect de la force

Charles Maurras croyait en la variabilité et l’inégalité de la nature humaine. C’est ce qui ressort de son conte « Des serviteurs » : « Les âmes des hommes n’ont pas été tirées de la même origine. Les filles de l’argile ne s’élèveront point au rang de celle que les dieux ont conçues dans les lits de pourpre ». En effet si l’on croyait en l’accomplissement de la perfectibilité humaine et si les hommes étaient des dieux, il serait facile et loisible de constater qu’ils pourraient vivre tranquillement dans la concorde et la paix harmonieuse, sans éprouver la moindre mauvaise pulsion personnelle. Mais, au fond, les hommes ne sont ce qu’ils sont avec leur cortège de défauts et de qualités, d’une nature bonne ou mauvaise, et de cette dualité, il leur faut se protéger les uns des autres. Les bêtes à l’état de nature s’en remettent à la loi du plus fort, les prédateurs et les espèces les plus faibles campant sur leurs propre position. L’homme a un double visage : visage de loup, visage de dieu, l’héritage douloureux de la « natura lapsa »; porté vers le bien comme vers le mal, il faut percevoir l’ensemble pour le saisir tout entier. En supposant que les hommes ont dépassé le stade animal, malgré la persistance d’une certaine mentalité atavique de cueilleurs chasseurs, ils ont progressivement ressenti la nécessité de s’en remettre à une puissance supérieure indépendante au service du bien être commun, puissance qui soit juste armée et capable de châtier les injustices et fauteurs de troubles .

Ainsi toute société humaine repose sur l’institution d’un pouvoir arbitraire de dernier recours et dont la force coercitive et répressive vient régir les rapports de force, rapports d’esclaves à maître, qui ne sont que la transposition des rapports de dominance à l’échelon social. Dans le monde moderne, la brutalité vient à être remplacée par la ruse qui n’est nullement la démonstration d’une moralisation de l’être humain. C’est ce que Georges Sorel avait annoncé : « La férocité ancienne tend à être remplacée par la ruse et beaucoup de sociologues estiment que c’est là un progrès sérieux ; quelques philosophes qui n‘ont pas l’habitude de suivre les opinions du troupeau, ne voient pas très bien en quoi cela constitue un progrès au point de vue de la morale ». Il existait certainement, chez les anciens peuples, un degré supérieur de droiture, de sincérité, le respect de la sainteté des moeurs. Hartmann constate « que nous voyons régner aujourd’hui le mensonge, la fausseté, la perfidie, l’esprit de chicane, le mépris de la propriété, le dédain de la probité instinctive et des moeurs légitimes, dont le prix souvent n’est plus compris. Le mensonge, la ruse augmentent malgré la répression des lois dans une proportion plus rapide que ne diminuent les délits grossiers et violents comme le pillage, le meurtre, le viol ».

En effet, le monde moderne est caractérisé par la prolifération d’une société de crime organisé, dont les conséquences dévastatrices ne peuvent être enrayées par le dispositif « préventif » législatif des systèmes permissifs de l’appareil judiciaire et policier. Dans l’ordre ancien, on considérait que pour être incontestée, qu’il suffisait donc à la puissance tutélaire et légitime qu’elle fût supérieure. Au fil du temps, ils voulurent que cette puissance devienne une autorité suprême, indivisible et une, et s’imposant à tous. Cette autorité ne serait que l’expression d’une force, d’une sagesse, d’une vertu qui respecteraient tous le sujets. Les leçons tirés des faits, de la nature et de l’histoire démontrent que le monde est résolument hétéronomique et holiste : c’est à dire que chaque infime partie du corps social, conçu tel un organisme vivant, a sa propre fonction et obéit à une autre, supérieure, pour le bien commun de tous. La force qui fonde l’autorité n’est pas la tyrannie, elle sait et devrait s’appuyer sur l’adhésion volontaire des subordonnés.

Ainsi le droit public n’est pas fondé sur une quelconque abstraction. Seule la force et les faits sont à la source du droit public. C’est ce que Albert Sorel confirmera : « Le doit public est fondé sur des faits. Pour le connaître, il  faut savoir l’histoire, c’est l’âme de cette science, comme de la politique en général. Dans le droit public, il  y a une notion fondamentale, celle de l’Etat : elle domine et régit toute la politique. C’est l’Etat selon l’esprit de Rome : être collectif, maître souverain et absolu ». L’absolutisme de Bossuet incarnera de façon remarquable le concept de cette souveraineté, de cette autorité légitime tirée de la force, que de nous jours nous avons perdu . Dans la « politique tirée des propres paroles de l’Ecriture sainte », Bossuet ne fait que confirmer la nature faible de l’homme , la précarité de sa condition et l’essentielle finitude des êtres humains. L’humanité s’engage dans un processus involutif, s’éloignant davantage de ses origines. « Dans le progrès de leur âge, les années se poussent les unes les autres comme des flots, leur vie roule et descend sans cesse à la mort par sa pesanteur naturelle ; et enfin après avoir fait, ainsi que des fleuves, un peu plus de bruit les unes les autres, ils vont tous se confondre dans ce gouffre infini du néant, où l’on ne trouve plus ni rois ni princes, ni capitaines ».

L’omniprésence du mal justifie la légitimité et l’existence d’un Etat fort, garant et exécutant une vraie grande politique. Weber affirmait : « Il faut concevoir l’Etat contemporain comme une communauté humaine qui, dans les limites d’un territoire déterminé revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime ». Pour Bossuet, le droit de conquête qui commence par la force ne se réduit pas pour ainsi dire au droit commun et naturel. Son singulier « absolutisme » quasi mystique imprégné de “hobbesisme”, pour se conserver, doit être un instrument au service de la fin qui le transcende : qui réside dans la justice, le bien commun et la protection des sujets. En effet lorsque les idées dégénèrent, lorsqu’elles sont vouées à un processus de dissolution et ne sont plus nourries par un certain héroïsme, la force, afin de maintenir ses effets et acquis, devra inéluctablement se consolider par le consentement. Il ne suffit pas de conquérir, il faut savoir conserver ; les Etats s’affaiblissent en se dispersant. La violation des engagements d’un Etat conduira à sa perte. Les maximes de la modération, on les retrouve chez Rabelais , Montesquieu et Frédéric II. Ainsi pour conserver la légitimité de son pouvoir, Machiavel recommandait au Prince de régner par les lois autant que par les armes et de se faire une réputation de vertu. La « politique du renard », qui s’ensuit, étant la continuation de la « politique du lion ». Mais ces calculs l’engagent sur le chemin de la vertu, proclamant que le prince doit « faire toujours bien s’il peut et entrer au mal par contrainte ». Le respect de la propriété, la constance, la magnanimité sont les moyens appropriés pour défendre l’Etat contre ses ennemis de l’extérieur, en leur enlevant tout appui de trahison.

Ainsi l’idée de gouvernement et d’autorité, et de droit légitime, quelle que soit la nuance qu’elle revête, s’oppose toujours nettement à l’idée d’un empire de conventions, de compromissions et le règne du nombre et de la quantité. Tout le progrès du droit et la légitimité de l’autorité, la pérennité de l’Etat se réalise par l’affinement et la stabilisation de la force. Le poète Hugues Rebell exprimera cette haute idée de gouvernement dans « l’union des trois aristocraties » : « Soyons donc habiles : la lyre d’Orphée est impuissante pour le moment à attendrir les viles brutes qui nous entourent ; saisissons l’épée ou la caducée ; ayons la ruse, pratiquons la violence ; nous devons être tour à tour des combattants, des apôtres, des proxénètes. Que l’artiste ait le culte de l’or. Il ne s’agit point de sacrifier sa pensée, mais de l’imposer. A défaut de protections princières, la fortune reste le meilleur moyen de dominer les hommes ».

Louis VINTEUIL.

 

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